Comment positiver dans les coups durs : de la lumière dans le tunnel

Oh, ce n’est pas bien facile de rester positif quand les repères trébuchent, que l’univers s’écroule autour de soi. Non seulement les problèmes de la vie personnelle s’amoncellent mais les crises sanitaires, climatiques ou les guerres, pour de vrai ou sur écran, ne nous épargnent pas. Toutes mes pensées vont aux Ukrainiens en mars 2022. Une petite voix nous dit : « Allez, tu vas positiver » si elle est encourageante. Si elle est directive, on l’entend « Ça suffit, il faut rester positif ». Comment positiver quand tout va mal est une question fréquente sur Google. Cet article apporte sa réponse à un désir aussi légitime que complexe. Réaliste, assurément pas défaitiste ! 

positiver banniere

S’attaquer à cette question est très compliqué. Si j’avais trouvé une recette pratique, j’adorerais la partager. Mais je ne vois pas comment répondre avec quelques astuces. Je préfère proposer un éclairage et une démarche en 3 couleurs :

D’abord, un mur noir

Puis, un tapis de roses

Et enfin, le bouquet final bleu foncé

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Broyer du noir

Que faire quand tout va mal ?

Sur le coup, peut-être rien. 

Et puis, comme c’est inconfortable, on a peur, on est triste, en colère, on perd ses moyens, on se sent impuissant, naturellement des tonnes d’émotions mènent à des pensées désagréables, considérées comme négatives.

Honnêtement, il est difficile d’anesthésier tout ce chaos. Au contraire, l’impression de mal-être risquerait de se renforcer. Il est nécessaire d’accepter de plonger dans ces perceptions douloureuses, pendant quelques temps. Parfois, on parvient à relativiser que tout ce qui va mal n’impacte pas immédiatement ou réellement sa vie. S’imprégner de cette épreuve, décrocher des repères des jours heureux, est un tremplin pour le dépasser.

Mais de là à le positiver, c’est une autre histoire pour la plupart des gens, malgré leur profond désir d’y parvenir.

Pourquoi voit-on les choses si négativement ?

Les Français ont le palmarès du pessimisme en Europe, selon une récente enquête d’opinion de la fondation européenne Eurofound (2 Français sur 3 sont pessimistes, c’est énorme).

Plusieurs facteurs peuvent empêcher de voir du positif. 

Réflexe de survie 

Le négatif s’imprime plus que le positif. Nos ancêtres menacés en permanence ont développé leurs antennes pour débusquer le danger et y réagir rapidement. Ce réflexe est bien enraciné dans notre cerveau et aujourd’hui, nous avons encore tendance à trouver désagréable un évènement inhabituel et à anticiper le pire.

Paradoxe de la société

La société se repait des drames, engendrant peur, méfiance et le sentiment que tout va mal, bien que positiver soit encouragé par la zen attitude. Cela conditionne à sombrer facilement dans la négativité plutôt qu’à voir le bon côté des choses.

femme pensive
Pensées négatives

Tournures d’esprit 

Malgré les injonctions à voir la vie en rose, la plainte s’invite souvent dans les conversations. Crainte de la jalousie si on fait état de sa satisfaction et de pensées positives ou ou de passer pour insensible aux soucis des autres ? Alors que mettre à distance les malheurs de l’humanité est une protection, pas de l’égoïsme.

On peut aussi hésiter à opter pour la positivité car on aura moins d’excuses si quelque chose tourne mal, puisque tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes…

Certaines personnes considèrent que voir le côté néfaste des choses les aide à mieux estimer les risques et les problèmes et restent et resteront de nature pessimiste.

Cajoler le pire peut être une tactique inconsciente. En dressant le tableau le plus noir, on ne peut avoir que de bonnes nouvelles.

Enfin, tout le monde ne gagne pas à être optimiste, surtout les parieurs.

Bénéfices secondaires

Un proverbe dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire. Garder et exprimer ses états d’âme peut donner une identité, de la visibilité et un sentiment d’appartenance. Les réseaux sociaux reflètent bien ce phénomène.

Apprentissage de la vie

Pour le psychologue Martin Seligman, l’apprentissage influence la vision plus ou moins positive des choses durant toute la vie.

  1. Plus l’environnement familial d’un enfant présente les bons côtés de la vie, plus son cerveau va développer de positivité.
  2. La façon dont un enfant se défend de ses premiers traumatismes va laisser une empreinte : soit un sentiment d’impuissance, soit de la ressource et des forces pour faire face aux nouvelles difficultés.
  3. La spécificité française selon différentes études. Les messages reçus durant la scolarité, jugés plus critiques et décourageants que dans les autres pays, entraineraient la tendance au pessimisme, alors que les enfants pas critiqués ou dévalorisés pour leurs erreurs resteraient plus confiants lors de situations déstabilisantes. Plus la famille tire des enseignements avec l’enfant, mieux il arriver à prendre du recul.
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Voir en rose

Comment savoir si on est de nature optimiste ?

Une personne qui fait émerger le positif en toute circonstance est qualifiée de positive et d’optimiste si elle projette avec confiance la vie du bon côté. Ce ne sont pas les situations où tout va mal qui font perdre la capacité de garder de la positivité mais l’interprétation que chacun en fait.

Voilà 3 façons de situer ta tendance à voir le positif :

Maillot Jaune de l’optimiste

On ne s’appesantit jamais sur les aspects néfastes des choses, avec une confiance inébranlable dans l’avenir. Ce moral d’acier force l’admiration et galvanise les autres. Nature extraordinaire ou tendance à l’autocensure ? Si tu te reconnais, pense tout de même à garder contact avec la réalité.

Dans le peloton de la positivité

On prend la vie du bon côté mais on en connait les difficultés. Rien n’est perdu d’avance mais on a de la lucidité sur ses capacités. On accepte les contrariétés et on a confiance en ses ressources. Tenté par la méthode Coué, ça va le faire, ça va le faire… pour se rassurer ? Si tu te vois, partage tes ressentis et tes plaintes pour lâcher du lest et trouver d’autres solutions à tes soucis.

A la queue de la vie en rose 

Scotché aux problèmes, on broie du noir. Ce réflexe de voir tout ce qu va mal est un frein. On a le syndrome de l’impuissance acquise. Trop inquiet que les choses ne s’enlisent, on est incapable de voir un signal positif au risque de se prendre un mur. Il peut y avoir un grand écart entre la réalité et la perception de celle-ci. Si te retrouves ici, tu as besoin de réamorcer une vision plus positive de la vie. Appuie-toi sur les praticiens ou les livres de psychologie positive pour réenclencher.

femme positive
Sourire positif

Comment faire pour voir le positif des choses ?

Une personne qui voit le positif des choses reconnait aussi les coups durs mais elle n’y porte pas trop attention car sa confiance dans la vie est grande. Pour elle, tous les soucis auront une issue favorable. Cette capacité est bonne pour la santé puisque l’inverse entraine du stress.

Pratiquer la psychologie positive

Un tiers des Français se déclarent optimistes et il est intéressant d’observer les gens qui le sont pour s’inspirer. Cette méthode a été mise en place par la psychologie positive, discipline fondée en 1998 par le psychologue américain Martin Seligman. Elle cherche à comprendre le fonctionnement humain optimal en identifiant les variables et les comportements favorables à l’épanouissement des personnes et des communautés. 

Selon ce courant, la capacité à être enthousiaste peut s’apprendre et se travaille en réorientant le cerveau dans ce sens. Ce n’est pas de l’auto persuasion que « tout va très bien Madame La Marquise » qui ne mène généralement à rien, c’est un entraînement. Pour donner un exemple, elle conseille de modifier ses tournures de phrase ainsi que j’ai appris à le faire…

« attention ! » devient « concentration ! » ;

« ce n’est pas idiot » se transforme en « quelle bonne idée ! » ;

« pas de souci » (qui a remplacé de rien) quand on dit merci se métamorphose en « avec plaisir », comme dans le midi.

L’esprit aime la cohérence, adopter progressivement une attitude tournée vers le positif équilibre le négativité en toute circonstance. Il ne s’agit pas de l’éradiquer car elle est nécessaire pour permettre de voir le positif de la vie mais de la pondérer, la diluer, la compenser, de lui laisser moins de prise.

Accueillir les problèmes

Une personne dite positive accueille les soucis sans se laisser gangréner, bien que cela n’aille pas de soi. Elle les cloisonne afin qu’ils ne contaminent pas d’autres sphères de sa vie. Elle considère qu’il s’agit d’un mauvais moment temporaire, que les difficultés sont spécifiques à une situation qui ne dépend pas d’elle. Elle arrive à rêver et se projette une meilleure version des choses.

Oser se sentir mal

Elle pense qu’une plainte trop prolongée n’arrange rien, transforme en victime et expose à des récidives. D’ailleurs, elle ne cherche pas de coupable. Il n’y a pas d’anomalie à se sentir mal dans les épreuves. Elle ne culpabilise pas non plus de ne pas être sereine, au sens stoïque de prendre sur soi. La véritable sérénité ne dépend pas de la raison qui ne ressent aucune émotion et prive de sentiments. L’optimiste connait le désarroi aussi. Sa sérénité est un état d’ouverture sur ce qui va mal et une disponibilité pour agir contre.

Agir

Plutôt que de se morfondre dans l’idée que les efforts sont vains, la personne enthousiaste va persévérer pour transformer les désagréments en leçons, solutions et réussites.

Elle garde confiance dans ses capacités d’action et dans ses ressources. Elle revisite les moments légers de sa vie pour y puiser de l’énergie et prend conscience de ce qui va toujours bien. Elle ne généralise pas négativement les évènements passés. Elle se souvient comment elle a traversé des difficultés et des forces qu’elle a mobilisées pour les remettre en service.

Sans chercher à rebondir trop vite au risque de dégonfler, elle agit selon ses capacités, consciente qu’elle peut se tromper. Attendre avant de faire est aussi agir. Elle ose dans l’espérance d’un inattendu, inespéré, improbable.

Elle désire que les choses changent et ne voit que l’action pour que cela arrive. Par exemple, faire un don lors d’une catastrophe. Mickaël Mangot, Docteur en économie comportementale, souligne : « Le don est connu des psychologues pour générer chez le donateur une émotion agréable, une « douce chaleur » intérieure (appelée « warm glow » par les anglo-saxons) » Ce don peut aussi être envers soi-même.

Prendre soin de soi

S’entourer de personnes qui voient aussi le positif donne de l’élan, aide à dé-catastropher et à évaluer les actions entreprises, à leur juste valeur. Prendre soin de soi est de bon conseil pour garder le moral. En effet, les gens ont tendance à se maltraiter davantage en se repliant psychiquement et socialement. Se forcer un peu à faire des choses qui plaisent et procurent du bien-être réamorce la positivité et évite d’aggraver ou de prolonger le désarroi.

couleur bleue
Couleur résilience

Peut-on positiver quand tout va mal ? 

En 1988, moment d’inquiétude lié au crash financier, la chaine de magasins Carrefour a affiché un slogan,  : je positive. Yes ! Et la formule est restée, devenant une sorte d’injonction de vouloir que tout aille bien. Positiver transforme le regard sur le positif en un réflexe insupportable et contre nature. On nous répète de positiver, qui a la recette ?

Abreuver de formules enthousiastes une personne qui vit un moment éprouvant est une façon de masquer ses problèmes dans les effluves de la vie en rose. C’est bien plus mauvais que de hurler son désarroi parce qu’on n’accepte vraiment pas que tout aille mal.

Forcer finit toujours par casser.

En positivant, on se coupe de la possibilité d’agir puisqu’on est dans le déni des désagréments. On ne peut pas continuer de vivre comme si de rien n’était. Fuir la réalité n’est pas une stratégie durable. Pour réagir à une épreuve, on a besoin de commencer par la reconnaitre.

Donc la question de comment positiver quand tout va mal ne trouve pas de réponse dans cet article.

Et si la résilience était une piste pour aller mieux ?

Que faire quand on ne peut pas positiver ?

La résilience est la capacité de parvenir à aller bien, en dépit des adversités. Sa couleur serait une tonalité bleue. Ce n’est pas un trait de personnalité ni une qualité. C’est l’action de rebondir en reconnaissant un sens nouveau à ses ennuis. J’ai longtemps (mal) compris que c’était donner une raison d’être aux épreuves. Et cela me semblait masochiste, pervers, épouvantable. Je perçois maintenant pourquoi les personnes qui traversent des horreurs cherchent et parviennent à leur donner un nouveau sens, pour les dépasser et avancer. Boris Cyrulnik parle de l’art de naviguer sur les torrents. Parfois c’est immédiat, parfois cela prend du temps.

La capacité résilience se développe dès le plus jeune âge et toute l’existence. D’ailleurs, plus on vieillit, plus on est généralement résilient, au fur et à mesure des adversités rencontrées. Connaitre au cours de sa vie des épisodes où tout va mal aide à traverser des moments similaires qui surviennent ultérieurement.

Ann Masten, professeur à l’université du Minnesota, appelle la résilience la magie de l’ordinaire car ses plus puissants moteurs, ses systèmes les plus protecteurs, sont ordinaires et courants, à la portée de tous*. Rien à voir avec l’invraisemblable effort psychique de positiver ce qui va mal.

Cet article ne répond pas à la question posée. Je le regrette, je n’ai pas de clé en mains. Pour rendre ma conclusion plus agréable, je termine par cette maxime qui pique un peu :

La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine la réalité.

Alfred de Musset

La joie de vivre nait des victoires sur le noir, pas dans l’anesthésie rose bonbon.

Tout le monde est face un jour ou l’autre à ce type de défi. Beaucoup de respect pour les Ukrainiens qui font au monde une courageuse démonstration de résilience. Car, comment, oui comment, pourraient-ils positiver ?

Une mise en route pour atténuer un regard négatif : passer une bonne nouvelle chaque jour à ton voisin, en commençant par les commentaires ?

*Si ce sujet t’intéresse, dis le, je ferais volontiers un article.

Hier, malheureusement, je suis allée à la messe d’enterrement d’un ami, disparu bien trop jeune. Je suis détachée des messages religieux. Je me serais presque attendue à ce que le prêtre disent aux croyants de positiver puisque le défunt avait rejoint le royaume de Dieu. Il n’en a rien fait. Il a dit « peut-être êtes-vous abattu, peut-être en colère, peut-être rempli de tristesse ? C’est normal. Pleurez, criez, c’est normal. Tirez votre courage de votre désespoir » Ça m’a parlé.

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