Comment créer la relation grands parents et petits-fils ou filles

On devient grand parent entre 54 et 56 ans en moyenne et de plus en plus tard. Ce ne sont que des statistiques…L’Insee relève que les ¾ des plus de 65 ans ont des petits enfants. Le magazine Notre Temps note aussi que 95% des grands parents sont heureux de l’être. La plupart des livres sur le bien vieillir font l’impasse sur ce cap de la vie, mêlé d’ambivalence, pas toujours avouée. Cet article aborde les tenants et aboutissants de la relation grands parents et petits-fils / petites-filles pour la construire du mieux possible.

relations grand parent et petit fils banniere

3 étapes de la relation grands parents et petits enfants

L’image des grands parents s’est vraiment améliorée. Mais parfois la joie de le devenir sera refroidie par le sentiment de prendre un bon coup de vieux.

Est-ce que le rôle de grands parents est inné ? Rien n’est moins sûr. Certain(e)s auront plus d’instinct que d’autres. Quelques-un(e)s n’en auront pas envie et braveront le jugement de leurs propres enfants et de la société. La majorité va finir par créer la précieuse relation grands parents et petit-fils ou fille. La grand parentalité peut cependant produire un chamboulement intérieur, mettant dans la balance d’un côté, la vie, et de l’autre… la finitude.

  1. Tu viens d’apprendre la nouvelle : jour très spécial, riche en émotions parfois contradictoires et en questions. C’est une étape où tu vas brosser, dans les grandes lignes, comment tu te vois rentrer dans le rôle.
  2. C’est fait, tu serres le nouveau-né dans tes bras : un moment où il faudra te méfier de quelques écueils qui pourrait embarrasser le démarrage.
  3. Maintenant, tu as fini ton rodage : en pleine possession de ton rôle, il sera temps de transmettre une multitude de choses à tes petits enfants et d’être un refuge pour eux en cas de tensions avec leurs parents ou de difficultés dans le couple.

Et si la vie se passe autrement ? Certains n’auront pas de descendance. D’autres, ne souhaiteront pas trop s’impliquer. Un point de vue sur ces situations en conclusion.

1. Se préparer au nouveau rôle de grand parent

Dans la lignée, tu recules d’une place et tu changes de statut familial. Le centre de gravité se déplace. Pour remplir ce nouveau rôle, 2 questions sont fréquentes. Comment se faire appeler et comment créer la relation grands parents et petit-fils ou fille ?

Quel surnom auras-tu ?

Il y en tout un catalogue, même si rien n’empêche de préférer et d’espérer garder son prénom. Tu peux faire connaître tes choix avec de fortes chances que le tout petit ajoute son grain de sel et modifie tes plans.

Je suis devenue Mimi au lieu de Mamie et mon mari est surnommé Yéyé. J’ai aimé laisser faire la créativité et la surprise des 1ers gazouillis. Finalement, ces surnoms faits-maison renforcent la relation par rapport aux standards du marché. Tant pis ou tant mieux s’ils peuvent surprendre ou faire sourire.

Et celui qui le porte restera plus facilement dans la mémoire familiale. Quel bonheur d’avoir eu mon nom de baptême de grand mère par ma première petite fille !

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Imagine

Quelle projection te feras-tu ?

Probablement, tu te feras des films. Plein de questions et de sentiments se manifesteront en même temps.

Si tu te demandes quel rôle jouer, quelle place prendre, tu peux te rappeler ce qui te plaisait / déplaisait chez tes grands parents et réfléchir à la trace que tu aimerais laisser. Souviens-toi, quand tu élevais tes enfants, des comportements que tu ne souhaiterais pas reproduire. Passe en revue ce que tu pourrais ou voudrais apporter. Réfléchis à ce que tu es prêt à concéder et ce qui n’est pas négociable.

Une chose, valable pour tous : le grand parent n’est pas le parent. Imposer ou s’imposer dans l’éducation de son petit enfant n’est pas au programme. Plutôt proposer, si les circonstances s’y prêtent.

Les parents du futur nouveau-né n’ont ni envie ni besoin de conseils ou pire de critiques et de jugements. Ils ne souhaitent certainement pas nous avoir dans les pattes pour un oui ou pour un non. Demander avant d’occuper le terrain. Ils ne vont pas apprécier non plus les plaintes et la concurrence entre grands parents. Ils ont bien assez à faire avec les pleurs de leur bébé.

Les grands parents voudraient se sentir utiles et valorisés dans leur nouveau rôle. Ils sont particulièrement heureux si leurs enfants ont confiance dans leur capacité à devenir grands parents, en oubliant, au besoin, comment ils étaient parents.

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Valeur sure

Pour ma part, j’ai renoncé à trop me projeter. Je me suis dit que je saurais m’en sortir, et avoir le sens de l’instant présent. Que trop en faire pouvait être une erreur. Je ne veux vraiment pas être une grand mère invasive. Ni mettre du stress dans la vie de famille de mes enfants. Je crois que cela passe plutôt bien.


Pour se rassurer, échanger clairement sur les besoins, les envies et les limites des uns et des autres. Une fois les émotions initiales reposées, ce dialogue dépassionné apporte un bon éclairage avant la naissance. Il aide à comprendre que la venue d’un nouveau membre dans la famille n’est pas une mise au placard des plus âgés.

Pour bien des choses, les jeunes parents vont avoir besoin d’eux. Pas seulement comme baby sitter mais aussi, par exemple, pour des prises de distance et sortir le nez du landau. Parfois même, des petits blocages entre Bout’chou et Papa-Maman se règlent tranquilou avec Papi-Mamie. C’est ce qui s’appelle une équipe qui gagne !                                                                                 

2.Bien débuter la relation grands parents et petit-fils ou fille

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A croquer

La feuille de route dans les premières années de la relation grands parents et petit-fils ou fille n’est pas bien compliquée. Bonne humeur et douceur, amour inconditionnel, câlins tendres et joyeux, intelligence relationnelle et diplomatie.

(En qui me concerne, j’ai rajouté le répertoire des chansons de mon enfance à retrouver chez Pinpin et Lili ).

Quelques écueils dans un flot de bonnes intentions.

  • Vivre avec son temps : inutile de sortir la vieille layette de ses propres enfants du grenier. Elle est défraichie, démodée et tous les souvenirs qu’elle suscite sentent le renfermé pour cette nouvelle vie.
  • Stop à la démesure : pas souhaitable d’installer une chambre complète et flambant neuve pour le bébé dans la maison grand parentale. Ce n’est pas notre enfant.
pere noel
On se calme
  • Éviter de se prendre pour le père Noël. Certes, les cadeaux de naissance font plaisir. Ce n’est pas une raison de crouler sous les peluches ou des jeux bien trop prématurés. Et il y a des choses que les parents ont envie d’acheter eux-mêmes. Pourquoi leur gâcher ce plaisir ? Mieux vaut mieux se concerter et investir dans quelque chose dont ils auront besoin immédiatement ou dans quelques temps. Cette relation ne se fondera pas sur des cadeaux. À cet âge, offrir un bon moment contribue à la construire.
  • Retenir son anxiété si le bébé n’est pas couché dans la position qu’on croit juste. Idem si on pense qu’il pourrait s’étouffer dans le sac à dos de son père.  Autres temps, autres mœurs, les enfants se sont certainement fait leur avis. Naturellement, en cas de danger avéré, il vaut mieux intervenir.
Une grand-mère fait le geste de se taire
Tourner 7 fois avant d’intervenir
  • Respecter les choix éducatifs des parents. On peut bien évidemment voir les choses autrement. Pourtant, il est préférable de se taire devant l’enfant et de ne pas glisser de peaux de banane dans l’éducation parentale. Une bonne fois pour toutes, les grands parents ne sont pas chargés d’éduquer. J’ai mis en place, en complicité avec mes enfants des petites transgressions. Elles n’existent que chez Mimi-Yéyé (regarder une vidéo de Petit Ours Brun après la sieste…). Ils apprendront à l’école que l’exception confirme la règle et on peut déjà les préparer 🙂
  • Se détacher de l’attractivité du bébé. Il est tentant de prendre le bébé dans ses bras dès qu’il pleure. Or il y a mieux à faire que d’exaspérer les parents. Parents énervés, bébé perturbé. Proposer de rendre des services aux parents pour qu’ils puissent consacrer du temps à leur bébé ou se reposer.

On n’a pas 2 chances de faire une première bonne impression. En se préservant de ces écueils, la relation grands parents et petit-fils ou fille poussera sur un terrain fertile. Il est essentiel que le petit enfant se sente en sécurité et en confiance. Cela passe beaucoup par les relations entre les adultes les plus proches d’eux.

L’objectif est la force du lien avec les petits enfants. Ce lien extrêmement précieux est un phare familial, une transmission et une soupape dans la pression et les limites inhérentes à l’éducation.

3. Consolider la relation grands parents et petit-fils ou fille

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Bien ensemble

En vitesse de croisière, de nombreuses occasions vont se présenter pour rapprocher petits et grands.

La solidarité du quotidien

La solidarité entre les générations peut être mobilisée quand les parents ont du mal à concilier vie parentale et vie professionnelle . Pourtant, une étude Opinion Way sur le site planet.fr, relève qu’une majorité de grands parents n’est pas ravie de garder ses petits-enfants en permanence.

Cette proximité peut renforcer la cohésion familiale et, cerise sur le gâteau, jouer en faveur de l’espérance de vie. Car selon la Berlin Aging Study, les grands parents sont plus actifs, leur mémoire également et ils sont exposés à de nouvelles choses.

aide aux devoirs
On est là

Tu pourras prendre une place dans leur vie d’écoliers. En les aidants aux devoirs, tu vérifieras mine de rien, les acquis et les réviseras avec eux. Garde-toi de reproduire inconsciemment l’ambiance de l’école des années 65 que tu as connue. Ludique et complice !

Pourquoi ne pas participer aux sorties scolaires et à la kermesse ou témoigner en classe d’un savoir-faire ou d’une expérience ? Une occasion de plaisir et fierté partagés.

Mais si cela vire au cauchemar, mieux vaut s’abstenir… Il peut arriver de ne plus supporter ses petits-enfants, hyperactifs, capricieux, désobéissants, bruyants… Il est normal de poser un cadre et, si les parents sont en désaccord, de mettre les choses à plat. On ne refuse pas catégoriquement de s’occuper des gamins, seulement on veut pouvoir le faire de manière plus épanouie. Ce qui est bon pour tout le monde.

Les vacances

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Joie des vacances

Les vacances sont l’occasion de planifier un programme d’activités, selon les âges.

Les moins de 10 ans sont friands d’activités manuelles, de jeux d’extérieur (vélo, piscine ou autres visites de zoos) et de la lecture. Plutôt faciles à satisfaire, ils se lassent assez facilement mais aiment bien répéter les mêmes choses. On doit parfois garder patience…

Les 11-12 ans ont déjà des goûts et des préférences et il est prudent de  les consulter. En plus des jeux d’extérieurs, des activités manuelles ou sportives, c’est le moment de sortir les jeux de société. Certains, comme le 1000 bornes, ont toujours du succès. Bien sûr, les parcs de loisirs seront appréciés ainsi que le cinéma. Tenter aussi les musées, le théâtre ?

Les ado ont leurs habitudes et savent ce qu’ils veulent. Les obliger à des activités risque de les braquer. S’ils regardent des séries ou jouent aux jeux vidéo, leur demander de nous les faire découvrir. Ce n’est pas bienvenu de les critiquer ou de juger de manière cassante. À leur âge, ils peuvent inviter des copains pour passer un moment. Nous proposerons à tout ce petit monde des virées à un évènement – concert, fête foraine, escape-game (un truc à découvrir pour nous ?) – plage ou restaurant.

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Complicité

Passer ses vacances avec les petits enfants n’est pas vraiment un moment de calme. Parce qu’il y aussi la question de ce qu’on va leur faire à manger ! Ils pourront peut-être participer à la cuisine et à la préparation de menus qui leur plairont ou les surprendront. Transmettre quelques principes alimentaires ou faire goûter à ses spécialités sera fondateur de leur qualité de vie future.

La tribu partie, se retrouver dans une maison vide à la fin des vacances peut faire naitre de la mélancolie. Des pièces rangées, du silence… Reste à composer un joli livre de photos, à se reposer et à se nourrir de ces bons souvenirs.

La transmission

Ces bases de la relation petit-fils ou fille favorisent la transmission de repères et de valeurs, qui ne sont pas des diktats mais des guides. Alors, les grands parents peuvent raconter la vie dans le passé avant que certaines choses ne soient oubliées. Ainsi, la mémoire familiale et collective est entretenue.

Je me rappelle tellement quand ma grand-mère paternelle me racontait qu’il n’y avait pas de Noël à la maison et qu’elle recevait une pomme d’orange et un  sucre d’orge à la pomme. Elle a perpétué ce modeste rituel, attendu chaque année, du sucre de pomme et je le transmets à mon tour. Ma grand mère maternelle m’a fait goûter aux pailles d’or de Lu et j’en régale ma descendance.

transmission
Histoire familiale

Connaitre l’histoire familiale aide à prendre sa place dans une lignée. Ce patrimoine culturel influence la manière dont chacun va interpréter le monde et s’y reconnaitre.

Quand ses petits fils étaient fascinés par l’ordinateur et les écrans, mon père a participé à leur goût de la lecture. C’est une richesse qui leur tient toujours à cœur. Heureusement qu’il a pu le faire car nous avons choisi d’autres priorités comme découvrir le monde avec eux. Chaque génération apporte sa pierre au développement de la personnalité.

Avec les grands-parents, les petits enfants se familiarisent aux questions existentielles (la mort et le temps qui passe). Ces sujets qui aident à vivre se partagent plus sereinement, je trouve, à l’âge de la maturité.

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Enveloppe

Enfin, la transmission est aussi matérielle et financière. Selon l’observatoire E.Leclerc, les grands parents ont déboursé 1650 euros annuels en 2019 par petits enfants. Certains les gâtent excessivement mélangeant preuves d’amour, cadeaux et argent. Rien de tout cela ne construit une belle relation et même parfois au contraire. Evidemment, ceux qui ont les moyens de donner aident les jeunes à démarrer dans la vie. Par les temps qui courent, c’est une vraie chance.

Le refuge

La relation grands parents et petit-fils ou fille constitue un socle affectif et protecteur essentiel pour leurs petits enfants. En confiance, ces derniers trouvent refuge et se confient, ce qui n’est pas toujours facile avec leurs parents. En observant les zones du cerveau associées à l’empathie émotionnelle, des chercheurs ont montré que les grands-mères ont une connivence avec leurs petits-fils ou filles plus forte qu’avec leurs enfants adultes. Cette empathie émotionnelle ne veut pas dire préférence.

A l’adolescence, la relation se modifie forcément. Un maître mot : de l’écoute et moins de transmission pour entretenir le pont entre les générations. Pour grandir, on doit à un moment se libérer de son passé et de ses bases éducatives. Les ados rejettent les références de leurs parents et se tournent vers celles de leurs copains. Mais ils peuvent aussi se raccrocher à la bouée de leurs grands parents. Sans faire l’arbitrage entre l’ado et ses parents, la grand mère ou le grand père dédramatise et rassure en contant sa propre adolescence et les tensions avec ses propres parents.

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Refuge

Si les parents se séparent, les grands parents offrent de la stabilité et aident les enfants à comprendre et à s’apaiser. Un divorce peut même renforcer le lien grands parents et petits enfants, surtout si la relation était bien solide avant. Ils ne devraient pas prendre parti pour l’un ou l’autre des parents. Les grands parents conservent leurs droits de visite, d’hébergement et de correspondance avec leurs petits enfants. Par ailleurs, ils ont aussi un devoir de solidarité familiale et d’obligation alimentaire.

Quelle relation grand parent et petits-fils ou filles créer ? (ou pas…)

Voilà ce que je pouvais écrire sur les fondations de la relation grands-parents et petits-enfants. Préparation, rodage, consolidation.

Certain(e)s ne le seront pas parce que leurs enfants n’auront pas d’enfants. Souvent les parents se taisent et ressentent du chagrin. Je m’imagine que c’est difficile à vivre. Dépasser les liens du sang pour s’investir auprès d’autres enfants est parfois une façon de soulager cette frustration. Des associations de grands parrains rapprochent des enfants privés de grands parents et des personnes privées de petits enfants.

sans petit enfant
Choix ou hasard de la vie

Je n’oublie pas non plus les personnes réticentes à (trop) s’investir. Tous les cas et les points de vue individuels ont leur place. Tu peux avoir envie de réfléchir à la construction de la grand parentalité ou d’améliorer tes compétences. L’école des grands-parents européens est peut-être une ressource.

Es-tu déjà grand-mère ou grand-père ? Comment te vois-tu ?

  • Traditionnel, guide rassurant, mais peut-être un peu sévère et critique ?
  • Gâteau, facile à vivre et réservoir de confiance, mais peut-être un brin laxiste ?
  • Dans le coup, dynamique, ouvert d’esprit, mais peut-être un tantinet jeuniste et pas à sa place ?

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