Comment prendre ses distances avec une amie ou un ami (si la relation va mal)

Selon une étude réalisée à l’université de Harvard, de bons rapports amicaux assureraient bien-être, santé et longévité. Beaucoup d’amitiés durent et se bonifient avec le temps. Pour autant, elles connaissent aussi des hauts et des bas et un lien de longue date peut tourner au vinaigre et empoisonner la vie des protagonistes. La fidélité ou l’habitude ne sont pas des raisons suffisantes pour préserver une relation ancienne. Cet article aborde comment prendre ses distances avec une amie ou un ami si nécessaire.

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S’éloigne d’une ami ou d’une amie

La définition d’Aristote pour ami est un miroir qui aide à se connaitre. Mieux que l’introspection dans laquelle on peut s’éblouir et se perdre. Un bon ami n’est pas un double mais celui qui peut se mettre dans les baskets de l’autre. Sans arrière-pensée, avec générosité, il s’investit sincèrement dans l’échange et aide à voir plus clair et à progresser.

Bien sûr, il y a d’autres façons moins engageantes de vivre une amitié. L’utilité et la possibilité de se rendre mutuellement service en est un exemple. Ou bien la recherche de bons moments et de plaisir. Parmi nos amis, ces relations intéressées sont tout à fait normales dans la mesure où elles sont conscientes et équilibrées.

En effet, la responsabilité des liens amicaux se partage. Il y a la relation et les 2 amis. La première demande toute l’attention des seconds.

Relation venimeuse

Une rapport insatisfaisant n’implique pas nécessairement l’emprise d’une personne toxique sur une autre. Autant le dire, face à quelqu’un de manipulateur, de dominateur, de pervers, il est sage de fuir au plus vite.

Mais l’amitié peut devenir insupportable en raison de maladresses fréquentes, d’incompréhension répétitive, de réactivité excessive des 2 amis. Celui ou celle qui ressent un malaise a tout intérêt à prendre l’initiative de recadrer une amitié qui tourne mal. Les vrais amis doivent pouvoir se parler sans être offusqués, contrariés ou blessés, même si la conversation n’est pas très agréable.

En cas d’échec dans la recherche d’un terrain d’entente et d’une amélioration de ce qui cloche, apprendre à mettre fin à une amitié avec courage et délicatesse est une compétence utile. Un chagrin d’amitié suscite parfois des émotions presque similaires à celles d’une rupture amoureuse. Parfois, la décision est difficile si on craint de se retrouver dans la solitude. Mais ne dit-on pas qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné. Au moins temporairement, le temps de renouer de nouveaux liens, par exemple en osant partir seul.e en vacances.

Pourquoi les amis s’éloignent

Quand l’un des 2 protagonistes vit une histoire difficile, la fragilité d’une amitié peut se révéler. Il suffit alors d’observer comment un ami se comporte et, en retour, comment nous nous sentons. Dans l’intention d’écrire cet article, j’ai repensé à des exemples de liens amicaux, pas si cordiaux.

Rompre une relation trop affective

Une affection envahissante est malsaine.

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Tout va bien, je suis là…

Maternante. Ce type de rapport risque de créer un malaise en étouffant le problème. Il n’est d’aucune aide et est très frustrant. D’une part, l’ami en mauvaise passe est consolé comme un enfant (ce qui lui fait probablement du bien). D’autre part, celui qui remonte le moral positive excessivement en cherchant souvent à minimiser la difficulté de l’autre personne de façon à s’en préserver.

Compassionnelle. Celle ou celui en difficulté se sent compris car quelqu’un partage ses souffrances et le plaint. Pourtant, enfoncer le couteau dans la plaie et rallumer le feu est pernicieux. Comme dans des vases communicants, l’un est encore plus écrasé et misérable au fond de ses difficultés, l’autre, se renforce, rassuré que ce problème n’arrive qu’aux autres.

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Monsieur Je Sais Tout

Paternaliste. Recevoir et suivre des conseils, prodigués avec aplomb et certitude, donne l’illusion d’une solution rapide et fiable. En malus, c’est infantilisant et la recommandation risque d’être à côté de la plaque. Le conseiller, en quête de reconnaissance et de contrôle pour compenser son manque d’assurance, ne respecte pas les besoins de son ami. L’assisté risque de s’estimer incapable et se sentir pitoyable. Pas très équilibré tout cela.

Mettre un terme à une dépendance excessive

Le besoin de protection et de valorisation fissurent l’amitié.

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Hé, tu me soutiens ?

Béquille. Certaines personnes se servent de leurs amitiés pour déverser leurs malheurs. Nos amis sont là en cas de problèmes ou de déprime. Mais une relation amicale n’est pas un dispensaire à bobos. Déposer ses tourments dans une oreille bienveillante soulage. Cependant, déballer régulièrement toute sa misère s’apparente à de l’auto-apitoiement ou nécessite le recours à un psy. Si un ami se sent lessivé et contaminé par un flot de doléances, alors le schéma relationnel suggère que l’amitié prend l’eau.

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Influence

Maître à penser.  Admirer quelqu’un pour son savoir et ses belles paroles rapproche de son idole, motive et inspire. Très bien, si cela permet d’avancer par soi-même. Sinon, être aveuglé par l’autorité d’un ami entraine un déséquilibre nuisible. On altère notre jugement et on se déresponsabilise. Pour le maître à penser, petit maître du monde d’autrui, ce fanatisme est valorisant et confère un sentiment de supériorité en même temps qu’il rabaisse son disciple. Cependant, en cas de difficulté, il y peu de chances qu’il l’aide à faire face. Dans le fond, trop occupé à être admiré, les problèmes de son ami lui importent peu.

Une hypothèse : cet ami, peut être excédé, aimerait mettre fin à l’adoration de l’autre sans oser le lui dire. Car l’amitié a besoin d’équilibre et on peut s’attacher à quelqu’un sans lui donner un rôle majeur dans sa vie. C’est même flippant pour celui qui a droit au pied d’estale.

Laisser tomber une relation carencée

L’amitié sans intimité manque de substance.

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Sphinx

Abonnés absents. Contrairement à la relation précédente, un ami observateur écoute sans dire un mot. D’un côté, le champ libre pour monologuer aide celui qui s’épanche à se soulager et à éclaircir ses problèmes lui-même. De l’autre, le taiseux trahit les bases d’une relation amicale faite d’écoute, d’échange et d’enrichissement mutuel. La personne qui parle toute seule peut finir par douter d’elle-même au moment où elle perçoit les signes qu’elle est transparente pour l’autre. Pourtant, celle qui écoute n’a pas nécessairement l’intention de la rabaisser ou d’économiser sa contribution. Deux suppositions : elle ne se hasarde pas à partager son point de vue et à enrichir celui de l’autre par manque d’avis ou de confiance en elle. Ou bien, le lien s’étiole déjà, d’où désintérêt et lassitude silencieuse…

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Duel

Compétitive. La concurrence est le nerf de certaines amitiés. L’ambition et la recherche de performances sont des moteurs qui risquent d’être néfastes entre amis. S’il y a bien quelqu’un avec qui on pourrait vraiment se détendre et cesser les défis stressants, c’est une ou un ami. La compétition ne stimule pas l’amitié. Quand celle-ci n’apporte ni plaisir ni partage, que l’autre devient un adversaire quasi toxique, le désir narcissique des 2 protagonistes est à la manœuvre pour fendiller la relation. La compétition entre amis de longue date peut durer aussi longtemps que les rivalités ou jalousies anciennes n’ont pas été réglées. A un certain âge, on doit pouvoir utiliser son énergie autrement.

Comment redéfinir le cadre d’une relation amicale ?

recadrage
Recadrage

Au préalable et plutôt que reprocher à l’autre quoi que ce soit, il est utile de se demander si on ne trouverait pas un bénéfice caché dans ce rapport insatisfaisant et répété (par exemple, être consolé, protégé, guidé, s’épancher ou entretenir une rivalité…)

Après quoi, dans un esprit constructif, on doit oser exposer son ressenti et poser ses limites. A chacun d’exprimer ses besoins et ses attentes vis-à-vis de l’autre en restant centré sur ses sentiments, sans jugement ni tentation de reporter la faute sur lui. On peut aussi reconnaitre honnêtement sa part dans la situation et il est préférable de ne pas espérer des excuses ou des pardons. Juste s’expliquer et poursuivre autrement la relation si cela est possible.

Comment s’éloigner pour ne pas souffrir ?

rupture
Rupture

S’éloigner d’un ou d’une amie n’est pas un échec et peut même rendre un grand service. Dans notre imaginaire, on s’attend à ce que les amitiés durent toute la vie. Alors qu’en amour, l’idée que cela peut finir un jour est admise. L’amitié aussi change au fil du temps, le vide laissé par un lien amical perdu peut être comblé par un nouveau.

Quand on est à bout, on peut être tenté de mettre fin à une amitié sans crier gare, du jour au lendemain, comme les enfants dans la cour de recréation (lui ou elle n’est plus mon copain). L’ami banni risque de souffrir de cette prise de distance inexpliquée et ne pas la comprendre.

Seul, surpris, il s’interroge et la digestion de cette rupture, même justifiée, peut lui empoisonner la vie après. Se sentir rejeté entraine parfois de la colère, de l’anxiété et même de la dépression. C’est pourquoi, au lieu de se morfondre, il doit oser aller demander des éclaircissements.

Ainsi, la décision de rupture mûrement posée et partagée, au nom du bon vieux temps, ne laisse pas de malentendus, de non-dits et des malheureux. Chacun peut reprendre le cours de sa vie.

L’amitié qui pique, c’est pas automatique !

Chez les plus de 50 ans, l’amitié est une valeur sure. Dans une enquête initiée par le réseau social Quintonic, les 2/3 tiers des sondés ont révélé se sentir plus écoutés par leurs amis que par leur famille.

La qualité est plus importante que la quantité, d’ailleurs on entretient en moyenne 3 relations amicales profondes. Pour ma part, je n’ai jamais connu de ruptures amicales, seulement une ou deux déceptions, au sens où la mayonnaise de l’amitié n’a pas pris. Avec le recul, je me dis que ce n’est certainement pas plus mal, même si, dans un cas, je garde un petit regret car la personne était très enrichissante et complémentaire.

L’amitié entre pairs est essentielle non seulement pour profiter des bons moments mais aussi pour traverser les épreuves de la vie.

D’ailleurs quelle sorte d’ami.e es-tu et que recherches-tu ?

  • Sélectif, peu d’amis très proches et très longtemps ?
  • Rassembleur, beaucoup d’amis, anciens, nouveaux, rencontrés à toutes les étapes de la vie ?
  • Libre, des liens qui vont et viennent au gré des situations ?

Et dans ton for intérieur, aurais-tu des petits penchants désagréables ?

  • Ogre, dévorant l’énergie des autres ?
  • Fossoyeur, assénant une vision pessimiste et des soucis en boucle ?
  • Juge, la critique au quart de tour ?

Se connaitre aide à nouer et entretenir des relations qui nous conviennent, durables ou non.

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