Pas envie de faire le ménage : quels sont les bénéfices méconnus de passer l’éponge ?
Faire le ménage est une activité qui divise. S’y adonner ou se ménager ? Pourtant, le secret du ménage est que chaque grain de poussière dépose de nombreux bienfaits du sol au plafond de l’existence.
Qui en a à cirer des tâches ménagères ?
2 Français sur 3 n’apprécient pas de faire le ménage et seulement 1 sur 3 le fait régulièrement. Et toi, adepte du balai ou opposant au chiffon ? Certains le vivent ou le voient aussi comme l’aliénation de la femme. Les statistiques vont dans leur sens. J’ai la chance d’avoir un époux qui se colle naturellement à l’aspirateur et à la lessive-repassage. Je fais ma part, sans rechigner, mécaniquement et au plus efficace = vite et plutôt bien.
Faire le ménage me parait du temps perdu. J’ai autre chose en vue que devenir champion-ne des marques de produits ménagers pour briquer mon domicile. (Désolée, Briochin, qui fait plus penser à la levure qu’à la javel…)
Durant l’épidémie de Covid 19, confinés chez eux, le ménage est devenu une occupation (forcée ?) de bien des gens.
A cette occasion, je te propose de redécouvrir qu’il a de nombreux bienfaits souvent ignorés. Et pas seulement pour stopper la propagation du virus sur les surfaces. Comment finalement faire le ménage peut doper la vitalité quotidienne ? Fais-toi ton opinion, en évaluant mon point de vue et ma métamorphose en fée du logis
Le ménage, un labeur en or à domicile
1. Frotter bouchonne l’organisme.
Une opportunité pour bouger : une activité simple, accessible chez soi, et d’intensité variable. Le ménage ne remplace ni des séances de sport ou d’activité physique. C’est une bonne façon de se bouger un peu chaque jour. Surtout qu’actuellement, les cours de gym sont suspendus et les tours de parc interdits. Aimes-tu changer les draps ? Moi pas. Pourtant ce matin, j’ai observé comment ces gestes simples sollicitent le corps. En briquant autour de soi, on stimule ses muscles et ses articulations, on favorise la circulation sanguine et on oxygène l’organisme. Y mettre tout son coeur tonifie la sphère cardiaque.
On peut aussi recycler quelques exercices du cours de gym :
- L’aspirateur, une fente : dos bien droit, au lieu de marcher, faire une fente en pliant un genou à angle droit et étendant bien l’autre jambe. Inverser.
- La vaisselle, un étirement : lever l’une après l’autre la jambe arrière pointe tendue si possible jusqu’à la fesse.
- Les vitres, un squat : plier les jambes le dos bien droit en tirant les fesses vers l’arrière.
2. Dépoussiérer décrasse vraiment les méninges
Des capacités cognitives stimulées et des neurones bien connectés : non le ménage n’est pas si bête ! Au contraire. Dépoussiérer ou laver les vitres ? C’est hiérarchiser et prioriser. Une recherche canadienne, parue dans le revue BMC Geriatrics en février 2021, relève que la planification et l’organisation peuvent stimuler de nouvelles connexions neuronales
J’assume avoir, comme on dit, 2 bras gauches. Le ménage requiert habileté et ingéniosité. On doit donc se concentrer pour manipuler les objets fragiles et pour changer, petit geste technique, le filtre et le sac de l’aspirateur au lieu de crier à l’aide.
On renoue avec des souvenirs et des émotions en passant les bibelots au plumeau. Par exemple, ce jeu d’échec acheté pendant des vacances et très ami de la poussière. Comme je suis collectionneuse de boites publicitaires et de mini théières, je prends le temps de les contempler en les astiquant et de me rappeler qui me les a offertes et où je les ai achetées. Les connexions neuronales s’animent et la mémoire travaille.
3. Faire le ménage nettoie bien les humeurs
Une tête ordonnée et apaisée : il y a 2 forces de l’ordre. Celle qui met au cordeau par désir de contrôle et celle qui le moleste par esprit de rébellion. On peut passer d’un état à l’autre ou l’endosser comme un trait de personnalité. Peut-être bien que l’envie actuelle de ménage, en pleine incertitude du coronavirus, n’est pas seulement liée à l’oisiveté forcée ? Je vais te donner mon avis.
A cet instant, on répète des gestes simples et rassurants. Les sens prennent le pas sur les pensées et sont stimulés : en 1er lieu l’odorat, puis la vue et l’ouie si on met de la musique et enfin le toucher de la mousse et d’une crème réconfortante sur les mains à la fin. Je ne suis pas hyper maniaque et je ne trouve pas encore de plaisir au ménage. Certaines personnes ont une sorte de jouissance dans le rituel de nettoyer et ranger à fond. Pourquoi pas, si cela leur convient ? Pour d’autres, c’est la satisfaction et même la fierté du résultat quand elle se sont donné du mal. Comme en ce moment, être responsable d’un espace de bien être dans le confinement.
Remettre au propre et au carré son univers réveille le sentiment qu’on est capable de changer et de maitriser le cours de son existence. Et c’est très important dans ces semaines chaotiques. En temps normal aussi, ces mini gestes quotidiens procurent un 1er sursaut de vitalité quand on a les idées noires. On a parfois l’impression et aussi envie de repartir à neuf au printemps. En récurant, on puise de l’énergie. On s’évade au milieu de bibelots de vacances et on se ressource des cadres-photos de moments heureux. Au fil du chiffon, on fait briller ses repères et ses valeurs pour garder le bon sens dans cette confusion.
2 aides ménagères : les chercheurs et les moines.
- Les chercheurs ont démontré que faire le ménage libère des endorphines, hormones de l’apaisement et du bien être. Dans une sorte de relaxation en mouvement, la détente s’installe au gré des gestes. Seulement 20 minutes par jour pourraient réduire les effets du stress et de l’anxiété. Le ménage ne soigne pas de ces troubles mais il aide à les supporter. Nettoyer vigoureusement contribue à évacuer les émotions désagréables, explique la Psychologue Rheece Mc Kenzie. Il est associé par le cerveau aux zones de réconfort et de plaisir.
- Les moines Zen font quant à eux le ménage du matin au soir. C’est même une activité centrale de leur vie. Non pas parce que c’est sale, mais pour ‘nettoyer leur cœur’, embellir et faire rayonner la beauté des choses. En méditation active, les bonzes astiquent les planchers jusqu’à se refléter dedans. Je n’en suis pas là, je n’aime pas trop glisser sur le parquet ciré. Mais un disciple de Bouddha a bien trouvé le nirvana en passant le balai, alors épousseter son cœur et le remplir de lumière en faisant le ménage n’est pas moins sensé.
4. Astiquer lustre aussi les liens
De la cire relationnelle. Le sociologue Jean Claude Kaufmann, spécialiste en vie domestique, relève que le ménage peut être une source de conflit dans un couple. En revanche, si les 2 membres d’un couple s’investissent dans le ménage de leur lieu de vie, les tensions et les disputes diminuent.
C’est aussi aussi un acte d’amour. Une sorte de don, finalement. En créant un cadre de vie agréable, certains utilisent le ménage comme preuve d’attention et d’affection. Le geste sert de parole. Si on dévalorise trop le ménage, on peut passer à côté du message.
5. Le ménage ravive les couleurs de l’existence
Une activité recommandée pour mieux vieillir. A la Case Western Reserve University, une université de Cleveland, Ohio, la chercheuse Kathy Wright a démontré que vivre dans une maison propre et entretenue renforce et prolonge la vitalité et la longévité.
- 337 participants âgés de 65 à 94 ans, souffrant d’au moins une maladie chronique et limités physiquement, ont été suivis durant plusieurs mois.
- Ceux qui faisaient le ménage et prenaient soin de leur maison avaient de meilleures capacités physiques et psychiques. L’activité nécessaire au ménage leur apporte un mieux-être et améliore leur état de santé.
- De plus, les personnes qui vivent dans un cadre de vie propre et soigné se déclarent plus satisfaites de leur existence que celles qui vivent dans un environnement désordonné et négligé.
Dépoussiérer l’idée du ménage
Faire le ménage est une activité utile et jouissive. Je promets que je ne ferai plus le ménage comme avant. Sans être devenue fanatique de la tête de loup, je ne le considère plus comme une privation de temps ou une corvée. Je sais pourquoi je le fais et c’est nettement plus agréable.
Je vais même le faire en pensant qu’il va m’aider à être plus satisfaite de mon existence. Doper ma vitalité ne dépend pas de grands évènements mais de la somme de ces petites choses qui font collectivement barrière aux crasses de la vie. Comme le ménage.
A nos balais, les amis. Passons et repassons l’éponge chaque jour ! Qui est partant ? Dites-le dans les commentaires.
Cet article me relie à mon copain Christophe, pour qui le ménage n’a aucun secret. Je lui souhaite une belle retraite.
Des ressources pour donner un coup de main.
2 livres :
- Keisuke Matsumoto, La Maison Zen, Leçon d’un moine Bouddhiste.
- Jean Claude Kauffman, Le coeur à l’ouvrage, Théorie de l’action ménagère.
Des conseils :
- Maison Verte pour faire le ménage de printemps, presque sans grand effort
Un autre article : après le ménage, se ressourcer chez soi comme dans une île.
Bonjour
Merci pour cette lecture , qui me permet de (re)prendre du plaisir dans des actes quotidiens ,banaux auxquels on n accorde que très peu d attention et d intérêt . Merci pour ce regard bienveillant sur ce quotidien qui prend de nouvelles couleurs !!
En effet, c’est ce que je me disais, bien sûr que ce moment est terrible surtout pour ceux qui y sont confrontés de près, mais il me semble que c’est aussi un temps imprévu, improbable et l’occasion de, humblement, ranger un peu la vie pour redémarrer.